(photo : Paul Laverty and Ken Loach)
(texte écrit au Edinburgh Festival, en anglais, traduction en français voir plus bas)
“A Man Standing”, and his name is Jean-Marc.
Sometimes a play isn’t just about the piece itself, but what is in your head, and maybe heart, when you cross with it.
Over the last few days I have been hidden away trying to meet a deadline.
But every coffee break the news I heard was more brutal than I could bear; bulletins about unaccompanied children in the camp at Calais, refugees mutilated, and the Russian /Syrian regime bombings of hospitals in Syria. Even by listening, and then imagining, you feel diminished as a human being.
On the first night of the Edinburgh festival I saw Jean Marc’s face in “A Man Standing.”
In time I will forget the details, the format, the staging, but till my dying day I will not forget this man’s eyes.
Steeped in violence this soul has been to hell and back.
Those eyes. I killed, I destroyed. I didn’t care. I tried to kill myself.
Those eyes. I opened them up, read, began to see.
Those eyes. I don’t hide. I remember the little girl now an adult whose father I shot.
Those eyes. 20 years in a cell. I will take responsibility for my life, all of it.
Those eyes. I bear testimony to being treated like a dog.
Those eyes. I will reach out to young lost men like my former self and help them see.
Those eyes. I survived. I am a man. I live again outside my cell with you. I care. I will contribute. I love, and can be loved.
Those eyes. Just by meeting another another man’s eyes sometimes we are nourished. Beyond words.
Paul Laverty. 6th ofAugust 16.
« J’ai rencontré un Homme Debout » (Traduit de l’anglais)
Parfois, une pièce ne se joue pas à vos sens de par son unique contenu, mais également de par l’état d’esprit dans lequel vous vous trouvez lorsqu’il vous est donné de la découvrir. Et ces derniers jours, j’avoue avoir été enlisé dans mes urgences, espérant ardemment l’un ou l’autre break salvateur.
Et à chaque break, je me faisais percuter de plein fouet par une actualité des plus brutales. Les bulletins d’information se succèdent tous plus noirs les uns que les autres, entre les enfants orphelins dans les camps de réfugiés de Calais, les réfugiés mutilés et les bombardements russo/syriens qui touchent les hôpitaux en Syrie, je me sens, en ce moment, un être humain des plus minables et démuni.
Et puis, arrive le premier jour du Festival d’Edinbourg et je découvre un Homme, « A Man Standing », Jean-Marc Mahy. Dès les premiers instants, cet Homme m’a instantanément fait oublier le cadre, la mise en scène, les détails futiles, pour ne voir que son regard, un regard que je n’oublierai pas jusqu’à mon dernier souffle. Plongé dans les affres de la violence, cet Homme a fait l’aller/retour entre l’Ombre et la Lumière.
Ce regard, ces yeux… J’ai tué, j’ai détruit, j’ai abimé. J’ai tenté de mettre fin à mes jours.
Ces yeux … j’ai commencé à les ouvrir, j’ai lu, j’ai commencé à voir.
Ces yeux … je ne les ai plus fermés. Je me souviens très exactement de ceux de cette petite fille dont j’ai tué le père.
Ces yeux … Vingt ans en cellule. J’en suis responsable, je suis responsable de ma vie. Ces yeux … J’ai été traité pire qu’un chien.
Ces yeux … je veux aider ces jeunes en perdition à ne pas prendre mon chemin.
Ces yeux … J’ai survécu, je suis un Homme. Je ne suis plus enfermé, je suis revenu parmi vous. Je veux prévenir, agir, contribuer. Je veux aimer et être aimer.
Ces yeux …
Le simple fait de rencontrer un autre être humain, le simple fait de croiser son regard peut parfois nous nourrir plus que de raison. Au-delà des mots ….
Paul Laverty, Edinbourg, 6 aout 2016
Licencié en droit et en philosophie
Scénariste de Ken Loach (cinéaste britannique)
'Paul Laverty (writer and key collaborator of Ken Loach) on Jean-Marc Mahy and the theatre play A Man Standing / Un Homme Debout' have no comments
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